On m'avait dit "pas capable, sans avenir"...Et pourtant !
Cette histoire est la mienne...Ainsi que celle de tous les DYS.
Trop souvent pris à tort pour ce que nous ne sommes pas.
On ne voit que les mauvais côtés de notre condition.
Et pourtant nous avons tellement de ressources, de capacités.
Laissez-nous être ce que nous sommes...
Des génies créatifs : que serait par exemple notre monde sans ordinateur ?
Le PC, inventé par un dyslexique...J'ai nommé Bill Gates.
C'est aussi un dyslexique, Edison, qui a inventé l'ampoule à incandescence.
Mais la liste est trop longue pour tous les citer ici.
Depuis que j'ai été diagnostiquée, je me suis découvert des tonnes de créativité, moi aussi...Je développe sans cesse ma fibre artistique et littéraire, je me crée un univers qui m'est propre et dans lequel je me sens appartenir pleinement.
Mais avant tout ça, il y a une histoire...Celle de ma vie..
Je suis une jeune fille de bientôt 23 ans, récemment diagnostiquée dyspraxique visuo-spatiale avec troubles logico-mathématiques au mois février dernier, mais aussi un trouble attentionnel de type impulsif (mais sans hyperactivité).
Depuis toute petite, on voit bien que "quelque chose" cloche chez moi...On essaye de comprendre mais mes parents ne pensent absolument pas à un trouble dys ou un TDAH, personne ne leur en a jamais parlé, ils ne savaient même pas que cela puisse exister.
Les années passent mais les difficultés persistent et s'aggravent. Il y a entretemps un déménagement difficile à l'étranger, dans un pays qui est celui de mon père mais pas le mien, car je connais très peu ma famille et ne parle pas la langue.
Nous retournons en Belgique, après trois ans d'absence. Mes parents divorcent deux ans plus tard, et mon père décède ensuite en 2009.
A l'école secondaire, c'est la catastrophe complète : les bulletins rouge sur rouge qui s'enchaînent dès la première année, les profs qui parfois ne veulent même plus me donner cours, car je cite : "Tu ne comprends quand même rien, à quoi bon t'apprendre quelque chose ?", les remarques, les moqueries, les humiliations sont mon lot quotidien. L'isolement aussi ; personne ne veut être avec cette fille étrange qui fait et dit plein de bizarreries. Je n'ai pas d'amis, et je suis toujours seule pour tout.
Je me renferme complètement comme une huître sur ma souffrance et je cache tout ce que je peux cacher au fond de moi-même. Mes parents se désespèrent et ne savent plus quoi faire avec moi. Les échecs continuent et continuent encore. On attribuera ensuite mon mal-être au déménagement, au divorce et au décès de mon père.
Je passe de PMS en PMS et personne ne me trouve rien, on se contente uniquement de me faire des tests d'orientation pour savoir où me caser l'an prochain si je rate encore.
En rhéto, burn-out complet et état dépressif profond : je ne m'en sors absolument plus. Je décide d'arrêter l'école à six semaines pile des examens et de la fin de l'année. J'ai 21 ans et mes échecs successifs (j'ai doublé plusieurs fois) m'ont épuisée physiquement et mentalement. J'en ai assez et je voudrais qu'on me fiche la paix ! J'y retourne à contrecoeur et sans aucune envie deux semaines plus tard, après une interruption médicale. L'époque des examens approche et miracle divin, aucun échec sauf en mathématiques ! J'ai tout de même des repêchages en septembre que je réussis et j'obtiens donc mon diplôme...Victoire ! Elle est immense et méritée !
J'apprends par un concours de circonstances tout à fait hasardeux en première année du supérieur que je pourrais être dyspraxique...
Dyspraxique, moi ? C'est quoi ce mot barbare au possible ? Mais pourquoi bizarrement ça me turlupine tellement d'un coup ? Parce que je m'y retrouve et que ce texte est la meilleure description que l'on aurait pu faire de moi-même !
Je fonce chez une neuropsychologue demander un bilan, qui tombe un mois plus tard...Oui, je suis bel et bien dyspraxique. Je tremble en sortant de son cabinet, j'ai l'impression que le sol se dérobe sous mes pieds. Mais je comprends aussi que toutes mes années d'errance et d'échecs ne sont pas de ma faute. Quelques mois plus tard, dans la foulée, on me détecte aussi un TDA de type impulsif mais sans hyperactivité.
Ma vie est désormais envahie par une sarabande de mots jusqu'à peu familiers ou inconnus. Je m'habitue à mon "nouveau" statut. J'avoue que je sais que je suis fatigante à la maison, mais aussi à l'école. Certains jours ça "pète" comme on dit. Il y a des jours où ça va, d'autres moins et où je ne supporte pas d'être ce que je suis. Je dois également vivre les remarques du style, "oui mais tu dois faire un effort, c'est pas si compliqué, etc..." Ben si c'est compliqué justement ! On échange de cerveau pendant une semaine, ça te dit de vivre que ce que je vis tous les jours pour que tu comprennes ?
J'ai bientôt 23 ans et c'est seulement maintenant que je vis presque en paix : j'apprends, comme les "grands", à vivre avec mes particularités et les accepter. Je suis différente et c'est comme ça. Que l'on m'aime ou qu'on me déteste, le prix est le même : à prendre ou à laisser. Je sais qui sont mes alliés ou pas, je compose avec et j'avance avec ceux qui croient en moi.
Actuellement je suis en première année en histoire de l'art à l'Université Libre de Bruxelles, une option qui me plaît bien, puisque j'adore ça ! Et je compte bien aller jusqu'à ce master qui me fait tant rêver...
Depuis toute petite, on voit bien que "quelque chose" cloche chez moi...On essaye de comprendre mais mes parents ne pensent absolument pas à un trouble dys ou un TDAH, personne ne leur en a jamais parlé, ils ne savaient même pas que cela puisse exister.
Les années passent mais les difficultés persistent et s'aggravent. Il y a entretemps un déménagement difficile à l'étranger, dans un pays qui est celui de mon père mais pas le mien, car je connais très peu ma famille et ne parle pas la langue.
Nous retournons en Belgique, après trois ans d'absence. Mes parents divorcent deux ans plus tard, et mon père décède ensuite en 2009.
A l'école secondaire, c'est la catastrophe complète : les bulletins rouge sur rouge qui s'enchaînent dès la première année, les profs qui parfois ne veulent même plus me donner cours, car je cite : "Tu ne comprends quand même rien, à quoi bon t'apprendre quelque chose ?", les remarques, les moqueries, les humiliations sont mon lot quotidien. L'isolement aussi ; personne ne veut être avec cette fille étrange qui fait et dit plein de bizarreries. Je n'ai pas d'amis, et je suis toujours seule pour tout.
Je me renferme complètement comme une huître sur ma souffrance et je cache tout ce que je peux cacher au fond de moi-même. Mes parents se désespèrent et ne savent plus quoi faire avec moi. Les échecs continuent et continuent encore. On attribuera ensuite mon mal-être au déménagement, au divorce et au décès de mon père.
Je passe de PMS en PMS et personne ne me trouve rien, on se contente uniquement de me faire des tests d'orientation pour savoir où me caser l'an prochain si je rate encore.
En rhéto, burn-out complet et état dépressif profond : je ne m'en sors absolument plus. Je décide d'arrêter l'école à six semaines pile des examens et de la fin de l'année. J'ai 21 ans et mes échecs successifs (j'ai doublé plusieurs fois) m'ont épuisée physiquement et mentalement. J'en ai assez et je voudrais qu'on me fiche la paix ! J'y retourne à contrecoeur et sans aucune envie deux semaines plus tard, après une interruption médicale. L'époque des examens approche et miracle divin, aucun échec sauf en mathématiques ! J'ai tout de même des repêchages en septembre que je réussis et j'obtiens donc mon diplôme...Victoire ! Elle est immense et méritée !
J'apprends par un concours de circonstances tout à fait hasardeux en première année du supérieur que je pourrais être dyspraxique...
Dyspraxique, moi ? C'est quoi ce mot barbare au possible ? Mais pourquoi bizarrement ça me turlupine tellement d'un coup ? Parce que je m'y retrouve et que ce texte est la meilleure description que l'on aurait pu faire de moi-même !
Je fonce chez une neuropsychologue demander un bilan, qui tombe un mois plus tard...Oui, je suis bel et bien dyspraxique. Je tremble en sortant de son cabinet, j'ai l'impression que le sol se dérobe sous mes pieds. Mais je comprends aussi que toutes mes années d'errance et d'échecs ne sont pas de ma faute. Quelques mois plus tard, dans la foulée, on me détecte aussi un TDA de type impulsif mais sans hyperactivité.
Ma vie est désormais envahie par une sarabande de mots jusqu'à peu familiers ou inconnus. Je m'habitue à mon "nouveau" statut. J'avoue que je sais que je suis fatigante à la maison, mais aussi à l'école. Certains jours ça "pète" comme on dit. Il y a des jours où ça va, d'autres moins et où je ne supporte pas d'être ce que je suis. Je dois également vivre les remarques du style, "oui mais tu dois faire un effort, c'est pas si compliqué, etc..." Ben si c'est compliqué justement ! On échange de cerveau pendant une semaine, ça te dit de vivre que ce que je vis tous les jours pour que tu comprennes ?
J'ai bientôt 23 ans et c'est seulement maintenant que je vis presque en paix : j'apprends, comme les "grands", à vivre avec mes particularités et les accepter. Je suis différente et c'est comme ça. Que l'on m'aime ou qu'on me déteste, le prix est le même : à prendre ou à laisser. Je sais qui sont mes alliés ou pas, je compose avec et j'avance avec ceux qui croient en moi.
Actuellement je suis en première année en histoire de l'art à l'Université Libre de Bruxelles, une option qui me plaît bien, puisque j'adore ça ! Et je compte bien aller jusqu'à ce master qui me fait tant rêver...